218 Press

Contemporain de Philip Glass, Terry Riley, Steve Reich, La Monte Young — musiciens « minimalistes », ainsi qu’il les baptisa en 1972 — Tom Johnson les a rejoints en s’en distinguant dès l’abord par un esprit ludique (son Four-Note Opera poursuit son tour du monde) et une sensibilité contenue mais poignante dans le vaste Bonhoeffer Oratorium.

Passionné par les féconds mystères des mathématiques, il a transposé des formules dans le langage des sons. Avec, parfois, un systématisme têtu dont les quinze aphorismes de Four-Notes Chords (2009) offrent un inoffensif spécimen. Mais, mieux encore, il y explore des territoires auxquels n’ont pas accès les compositeurs guidés seulement par l’esthétique. Ainsi, les sept brèves Formulas for String Quartet, datées de 1994, n’ont guère à voir avec ce qui s’écrivait à l’époque  elles pourraient être d’hier ou de demain  fraîcheur, naïveté, étrangeté... comme un monde qui s’ouvre. Il en naîtra Combinations (2003), vrai quatuor en cinq mouvements contrastés  jeu allègre de permutations sur quatre notes ; gel du temps suspendu aux fils arachnéens d’octaves pures ; retour, plus complexe, des pulsations toniques ; agrégats égrenés, troués de silences abyssaux ; quasi-choral conclusif aux pathétiques blessures harmoniques.

Esquisse ou prolongement de Combinations, Tilework (2003) est de la même veine et s’il fallait désigner une ascendance, pour la façon d’exposer presque sèchement le matériau brut bientôt soumis aux extrapolations d’une fantaisie rigoureuse, c’est l’esprit de Haydn qui se présenterait immédiatement.

Formation québecoise partiellement dédicataire de ces partitions, le Quatuor Bozzini en fait valoir l’objectivité par une intonation impeccable et une rythmique de bronze sans oublier qu’il n’est pas un synthétiseur mais la réunion de quatre musiciens.